Aux équipements roulants

par Frédéric Benhaim

Savez-vous vraiment, lorsque vous téléphonez, tapotez sur votre ordinateur, voyagez, que rien de tout cela ne serait possible sans la roue ? Avez-vous goûté récemment à ce plaisir magnifique de rouler quelque chose, d’observer un rond qui tourne, ou de vous rouler par terre ? Prenez une chose ronde, et faites-la tourner. Admirez, songez à ce que nous avons accompli depuis cinq ou dix mille ans. Regardez autour de vous, et revenez à cela : un enfant qui fait tourner une roue à l’aide d’un bâton ou de ses seules mains ; cela se pratique encore. Avez-vous su, avez-vous pensé à votre chance aujourd’hui ?

Il se vend encore des roues en des endroits spécialisés. Au magasin, on se spécialise dans la commercialisation de tout instrument, appareil ou outil qu’une roue permet de faire fonctionner à merveille. La roue est une magie. La roue est une possibilité, un monde qui s’ouvre, une reproduction miniature de la Terre que vous allez porter comme Atlas.

Trouvez dans ce magasin, aux reflets chromés, à la senteur métallique, aux graisses d’huilage, et au trébuchement fatal, une forme de bonheur des formes et du mouvement.  Poulis, outils à rouler, choses qui tournent… De nombreuses étagères vous proposent des roues de livraison en plusieurs dimensions, des roulements à billes, des manivelles… Ne faites rien tomber. On veut éviter les accidents, et certaines de ces machines sont vraiment lourdes. La vitrine annonce déjà la couleur : toute une gamme de diables de livraison, avec des roues et des tons variés qui épousent votre fantaisie. Tout le déploiement de la géniale invention est ici sous nos yeux. Dans l’industrie, dans la rue, voyez-la à l’œuvre : tant de choses à faire rouler, regardez les livreurs. Mais où se procurent-ils ces outils ? C’est ici ; c’est le magasin maître, celui sans lequel rien ne serait achalandé car rien n’arriverait à temps. Pensez au progrès que cela permet ; songez que dans l’offrande de vos gaufrettes à votre main acheteuse, la roue y est pour quelque chose. Partout, voyez sa marque ; partout, voyez sa trace, la roue de charrue et le pneu continuent de faire leur empreinte. Quand on en revient à la roue, il y a comme une forme d’égalité des humains ; où qu’on soit, on recourt aux mêmes outils et ce depuis longtemps. Hier, certes, nous n’avions pas tous ces boutons rouges et verts, nous ne sur-, sous-élevions pas nos chariots. Hier, les fauteuils roulants ne pouvaient se réassembler pour vous faire grandir en taille. Ils ne ronronnaient pas dans les bois, pour vous permettre de promener votre chien. Mais la roue reste la roue, la roue reste la roue, reste, la roue, la roue…

Paris le 2 octobre 2013.

 

A mes amis d’EELV.

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