Aux bougies d’intérieur

par Frédéric Benhaim

Le magasin dégouline de bonnes odeurs ; certains diraient, de bonnes intentions. Mais ce n’est pas si important, car ce qu’on vient chercher au magasin de bougies d’intérieur, c’est une ambiance, plus qu’un parfum. Celle d’un soir solitaire où l’on allume la bougie en guise d’appel à l’inspiration et à la quiétude. C’est comme une balise lumineuse, dans la nuit du faire que constitue chaque jour, disposée pour soi-même : repose-toi, par ici… Et puis c’est pratique pour les mauvaises odeurs, confirme la vendeuse en balayant une mèche blonde. Moi j’ai celle-là, à la maison. Fraise, rose : j’adore. Le client ramasse et sent, circonspect. On dirait un yaourt.

L’achalandage est simple : pas mal de bougies brûlent, mais jamais trop à la fois. Il règne une odeur de Sephora, de magasin de parfum. On vend aussi des mèches, des lampes à huile, des bougies de collection. En cette période de Noël, on vend même les tisanes de Noël, celles qui donnent un prolongement à boire à ces fortes odeurs de bonbon américain qui pèsent sur la boutique : cannelle, fruits rouges, baies…

Aujourd’hui, dans l’espace de vente, tout est rouge ! dans certains pays, avec autant de couleur, on se dirait peut-être en guerre, mais là, ça veut dire : faites sentir vos intérieurs pour vos invités ce soir. Mon préféré c’est la bougie moyenne vanille, témoigne une cliente. Tu ne l’as pas rentrée, dernièrement ? Ah, dommage. Tu peux prendre la verte, thé vert matcha, lui conseille la vendeuse, balayant toujours sa mèche. Ah ouais, pas mal. Allez go ! Tu attends du monde pour les fêtes ? Ah Noël, quel stress !

Pendant l’été ce seront des odeurs qui respirent, qui reposent. Pourrait-on, demande une dame, ouvrir la porte pour aérer un peu ?