L’apothicaire


La vitrine est faite en verre contemporain, épais, pour mieux isoler, mais le reste est en bois. L’enseigne qui pend de la façade indique « APOTHICAIRE » à l’ancienne façon, mais la vitrine reproduit une typographie de drugstore allemand. Cela fait plus moderne. La boutique est large, tout en longueur derrière les vitrines. On passe de droite à gauche et de gauche à droite comme dans un aquarium. L’apothicaire se tient à son comptoir de bois, tout à gauche.

De multiples fioles, de toutes couleurs, dans tous les sens permettent à l’apothicaire de suggérer au passant qu’il manipule, en plus de commercialiser, les drogues. Celles-ci sont rangées dans des pots aussi, sur des étagères qui montent jusqu’au plafond en plusieurs endroits. Les accidents doivent être évités par une surveillance vigilante des enfants. On se méfie tout particulièrement des adolescents. Les touristes venus de tous les pays, en particulier d’Asie et d’Amérique, mais aussi de Bourgogne ou d’Auvergne, s’arrêtent devant les vitrines pour poser en photographie. Le patron doit refuser, plusieurs fois par jour, de figurer sur les images.

La Ville subventionne l’activité parce qu’elle contribue au paysage urbain. Il a su mettre en avant son apport à la biodiversité économique du quartier. Il aime entretenir le lien social. A la radio locale, il a dit qu’il était comme un nœud dans un tapis.

Lorsque les activités d’information touristique ne le possèdent pas, il est tout affairé. Il prépare de la mort-aux-rats, des laxatifs naturels à base d’herbes, de petits parfums d’intérieur, ou encore des détergents. Rares sont les métiers qui permettent une telle variété de labeur. Il en est heureux. Son fils reprendra peut-être l’affaire, mais veut être artiste.